Le vendredi 15 octobre 2010
MOTONEIGE
Un projet de loi qui fait peur
Julien Cabana
Le projet de loi du gouvernement qui pourrait entraîner la fermeture des sentiers de motoneige à compter de 22 h, fait peur aux motoneigistes.
© Les archives
Le projet de loi du gouvernement qui pourrait entraîner la fermeture des sentiers de motoneige à compter de 22 h, fait peur aux motoneigistes.
Selon différents intervenants du milieu, cette nouvelle loi, si elle entre en vigueur, pourrait signifier la fin de la pratique de l’activité telle qu’on la connaît au Québec.
« Je ne crois pas qu’il faille faire payer à l’ensemble des motoneigistes les agissements de certaines personnes qui ne respectent pas leur milieu », explique François Cloutier, de Tourisme Chaudière-Appalaches, une des régions les plus fréquentées au Québec.
« Nous sommes derrière la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec, qui ne veut pas de cette mesure, poursuit M. Cloutier. Nous croyons plutôt qu’il faudrait gérer les problèmes aux endroits où il y en a vraiment. Cette nouvelle mesure touchera beaucoup plus les motoneigistes locaux et régionaux qui se déplacent durant tout l’hiver. S’ils n’ont pas la liberté d’utiliser les sentiers, ils vont tout simplement laisser tomber. Le dossier devrait se régler au niveau des tables régionales sur les véhicules hors route qui existent sur l’ensemble du territoire. »
Saguenay
Même son de cloche du côté du Saguenay−Lac-Saint-Jean où le grand patron de l’Association touristique régionale, Carol Martel, craint pour l’activité elle-même.
« Si les gens ne peuvent plus circuler dans les sentiers en liberté, je crois que, sur le plan local, cela va nuire à la pratique de l’activité de même qu’aux clubs qui vont perdre plusieurs membres. Il ne faut pas oublier que, pour une région aussi vaste que la nôtre, les déplacements peuvent prendre beaucoup de temps. Alors, si quelqu’un se sent serré pour faire une randonnée, nul doute qu’il va abandonner. Il n’est surtout pas question pour nous d’encourager les gens qui sont nuisibles à l’activité, sauf qu’il ne faut pas pénaliser tous les motoneigistes pour le mauvais comportement d’un petit groupe. »
Bas-Saint-Laurent
Pour le directeur de l’ATR du Bas-Saint-Laurent, Pierre Laplante, il est clair qu’une telle mesure va mettre en danger toute l’activité économique qui tourne autour de la pratique de la motoneige dans son coin de pays.
« Personnellement, je ne crois pas que, du point de vue touristique, cette mesure va changer grand-chose. Selon notre expérience, les gens de l’extérieur qui viennent chez nous, à 22 h, ils sont déjà installés pour la nuit à destination. Le gros problème risque de se retrouver avec les motoneigistes locaux qui font des déplacements près de chez eux et dans toute la région à partir du moment où la neige est arrivée. S’ils ne sont pas libres, ils vont tout simplement abandonner, ce qui va avoir un impact direct sur les clubs avec la baisse de vente de leur cartes de membre. Tous les intervenants qui vivent de la motoneige vont en souffrir. »
UPA
Une autre menace plane sur le réseau de 33 000 kilomètres de sentiers qui forment le réseau du Québec. « Nous sommes toujours aux prises avec les menaces des membres de l’UPA de la région qui ne veulent pas accorder de droit de passage pour les sentiers s’ils n’ont pas gain de cause dans leurs revendications, renchérit Carol Martel. La saison est encore compromise à plusieurs endroits. »
Même situation pour les gens du Bas-Saint-Laurent alors que les membres de l’UPA du bureau de Rimouski menacent de ne pas accorder de droits de passage cet hiver.
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