Plusieurs citoyens s’unissent pour dénoncer l’appétit des municipalités régionales de comté (MRC), qui administrent le dossier des baux de villégiature en forêt. Pour eux, les augmentations de tarifs ne sont pas justifiables.
Plus de 40 000 amateurs de chasse et de pêche possèdent des chalets en forêt sur le territoire québécois. Certains sont sur des territoires libres et d’autres sur le territoire de plusieurs zecs. C’est dans ce cas principalement que des citoyens s’insurgent contre les augmentations des baux qu’ils doivent débourser.
Gaston Desmeules, de Québec, qui possède un chalet sur la zec Batiscan-Neilson, nous a fait parvenir copie de la lettre qu’il a fait envoyée au Regroupement des locataires de terres publiques.
« Ils ont eu le culot de hausser de 500 % l’évaluation du terrain dont je suis locataire et non propriétaire. Les taxes applicables à mon bâtiment ont été haussées de 48 %, ce qui signifie au total une augmentation pour l’ensemble de la facture de 92 %. Vous remarquerez sur le tableau qui accompagne ma lettre, que les locataires qui ont accès direct à leur bâtiment par un chemin, ont subi cette augmentation de 500 %. Pour les autres locataires qui ont accès à leur chalet via le lac, les terrains ont augmenté de 200 %. Il y a là une disparité difficile à expliquer, d’autant plus que les chemins d’accès ne sont pas municipalisés, donc pas entretenus par la ville mais plutôt par la zec, à même nos contributions. »
Bail et vaches à lait
Les augmentations touchent aussi le coût demandé pour le bail de location du terrain.
« Pour mon bail de location, comme je l’anticipais, le coût est passé de 471 $ par année à 575 $, en 2012, soit une augmentation de 22 %. »
Allant plus loin dans sa dénonciation de la situation, monsieur Desmeules exprime haut et fort ce que bien des citoyens qui ont communiqué avec nous pensent. « Ne croyez-vous pas que nous sommes en train de servir de vaches à lait aux municipalités et aux commissions scolaires qui ont un appétit féroce de revenus. Si l’on considère que nous n’habitons le territoire que cinq mois par année au maximum et qu’aucun service ne nous est rendu, que ce soit l’entretien des chemins, des égouts, les aqueducs, la police... que doit-on en déduire? Peut-on affirmer que c’est de la villégiature à coût raisonnable? »
Autre son de cloche
La position de ce lecteur est renforcée par une lettre de monsieur Marcel Vachon, qui a été envoyée cette fois au Bureau des plaintes du ministère des Ressources naturelles. Ce dernier possède un camp sur le territoire de la zec Kiskissink.
« Je suis retraité depuis quelques années et mes projets de retraite étaient de passer du bon temps en forêt. Mais , avec les hausses successives, abusives et déraisonnables, le citoyen ordinaire comme moi n’a plus les moyens de payer ni de profiter de son investissement. Depuis quelques années, les gestionnaires des MRC ont instauré une politique qui tend à favoriser les gens fortunés. Ce que je comprends dans l’application du plan de gestion, c’est que les MRC croient qu’il y aura toujours des preneurs à gros portefeuille, au détriment des gens de la classe moyenne. »
Pour cet amateur de chasse, pêche et villégiature, il est clair que la situation actuelle ressemble étrangement à un retour en arrière. « Les clubs privés ont été abolis pour permettre aux simples citoyens de profiter de tous ces avantages de la villégiature, de la chasse, de la pêche et autres. Sommes nous en train de régresser? Quoi faire pour que les terres publiques restent accessibles à tous? Le but de ma plainte est de revoir la tarification des loyers à la normale, soit 300 $ par année, pour que tous les citoyens du Québec puissent profiter de leur petit coin de paradis. »
Classification contestée
Dans sa plainte, monsieur Vachon va plus loin en expliquant que la méthode de classification qu’utilisent les MRC laisse à désirer.
« C’est à se demander si les gestionnaires de MRC vivent sur une autre planète. Le citoyen moyen, à la retraite, ne gagne pas 30 000 $ ou plus par année. Je crois que nous avons le droit de profiter des ressources naturelles autant que les riches. La MRC situe mon chalet dans un pôle d’attraction dont ils calculent la distance, à vol d’oiseau, d’environ 39 kilomètres. Pour ma part, comme j’utilise la voie terrestre pour m’y rendre, il me faut parcourir 128,6 kilomètres via La Tuque. Dans les faits, la MRC fait paraître mon chalet plus proche d’un grand centre qu’il ne l’est réellement. »
Il termine sa lettre en spécifiant aux gens qui traitent les plaintes, qu’il ne veut pas recevoir une ou des réponses polies, mais bien des réponses véritables à ses questions.