Chroniques Julien Cabana
L’homme qui vit avec les autoneiges
SAINT-ROCK-DE-MÉKINAC | Tout le monde croit avoir été un autre humain ou un animal dans une vie antérieure. À côtoyer Michel Béland, on peut être porté à croire qu’il a été une autoneige dans une autre vie, un véhicule mieux connu sous le nom de snow dans le langage populaire.
Né à Sainte-Thècle, un village situé à 100 km au nord-ouest de Trois-Rivières, Béland, qui habite maintenant à Saint-Rock-de-Mékinac, voue une passion sans borne à ces véhicules inventés par J.-Armand Bombardier.
« Il faut dire que, lorsque j’étais tout jeune, les chemins n’étaient pas ouverts en hiver dans notre village, d’expliquer Béland. Dans la majorité des cas, les gens voyageaient avec des traîneaux tirés par des chevaux sauf que plusieurs chez nous possédaient un snowmobile. Mon père, qui était contracteur forestier, en avait un. Dans le village, le boulanger, le médecin et d’autres personnes importantes en possédaient, si bien que cette machine fait partie de ma vie depuis ma plus tendre enfance. Dès l’âge de 12 ans, mon père m’envoyait battre les chemins de transport de bois qui étaient empruntés par les chevaux. Il y en a toujours eu autour de moi. »
La restauration
L’idée de restaurer ce type de véhicule lui est venue par accident, si on peut le dire ainsi.
« La première fois que je l’ai fait, c’est lorsque le feu a détruit le garage qui contenait toute la machinerie de mon père. J’y ai mis beaucoup de temps, mais j’ai fini par y arriver. » Sans le savoir, l’homme venait d’ouvrir une porte qui le mènerait à une des passions de sa vie.
Durant une certaine période, il a été éloigné de ces machines de son enfance en raison du travail. C’est en devenant pourvoyeur en chasse et pêche avec la pourvoirie Hosanna qu’il a repris contact.
« Dans les salons, je discutais avec d’autres pourvoyeurs et des visiteurs. Souvent, le sujet des snows revenait sur le tapis. Comme je connaissais bien ces engins, je me suis dis que je pourrais m’en procurer un pour la pourvoirie. À ce moment là, en 1988, je ne croyais jamais que j’allais débuter une des plus grandes aventures de ma vie. »
Rapidement, l’homme s’est intéressé à ces véhicules qui ont joué un rôle très important dans la société québécoise. Ils ont représenté la liberté et le relais entre les petits villages et les grandes villes pour la qualité des biens et des services. Tout le monde a une histoire de snow dans sa famille.
Plus importante collection au pays
Aujourd’hui, en 2011, il possède la plus importante collection de véhicules du genre au Canada. Dans les faits, il possède un exemplaire de chacun des modèles de véhicules que Bombardier a construit entre 1937 et 1972 à Valcourt, un total de 14. Ils sont tous en état de marche.
« Je suis attaché à mes snows parce que je les ai tous rebâtis à partir de rien pour les ramener à la vie dans leur facture originale. Ils sont exactement comme ils étaient lorsqu’ils sont sortis de la chaîne de montage, quelle que soit l’année. Il faut compter près de 1 000 heures par véhicule pour une vraie restauration. Cette passion peut paraître une folie pour certains, mais, pour moi, c’est une aventure qui ne se terminera jamais. »
Mer 26 Jan - 9:15